A la fortune du pauvre
A la fortune du pauvre
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L'argent a quelque chose de foncièrement paradoxal. D'un côté il est absolument nécessaire à la vie en société, d'un autre côté, il est totalement inutile en lui-même. Exemple : que feriez-vous d'un lingot d'or, d'une grosse liasse de billets, d'un carnet de chèque ou d'une carte de crédit… sur une île déserte ?
Depuis bien longtemps mais plus encore depuis l'avènement de ce que l'on appelle doctement la mondialisation (qui n'est rien d'autre que le stade ultime du capitalisme le plus sauvage), l'argent est devenu le pouls du monde. Et sans cesse il faut le prendre, ce pouls ! Chaque jour, la faim tue plus de 1500 enfants dans le monde, chaque hiver, des SDF meurent de froid, chaque année des espèces animales disparaissent, sans parler des catastrophes écologiques qui menacent… Non, chaque jour, ce qui importe c'est, en direct de la Bourse de Paris, la tendance du CAC 40 !
Ah ! Le sacro-saint « marché », référence absolue ! Justement, sacro-saint… « Vous ne pouvez servir Dieu et l'argent » écrivait Matthieu dans son évangile. Qu'à cela ne tienne, faisons de l'argent notre Dieu et le tour est joué. Faisons du fric avec du fric. Adorons le veau d'or, qui est toujours debout (ou… de boue comme vous préférez) et tant pis pour l'état de la planète, tant pis pour les pays « endettés », tant pis pour les pauvres !
En visitant des textes d'Ovide, d'Aristophane ou encore de La Fontaine, Cendrars ou Prévert, en nous inspirant de réflexions édifiantes de François Rachline, Bernard Maris ou encore Jean Ziegler, en chantant Georges Milton, Boby Lapointe, François Béranger, Tiken Jah Fakoly ou, pourquoi pas, Pink Floyd et Benoit Morel, nous voulons proposer un voyage inattendu et décalé (inquiétant aussi, parfois) dans la galaxie du pognon fou.
Stéphane Verrue
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Photographies d'Eric Legrand