Cie avec vue sur la mer / site archive

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Dramaticules - Pas, Pas moi, Berceuse - Beckett

Pas, Pas moi, Berceuse

Dramaticules féminins

de Samuel Beckett

 

Mise en scène  

Stéphane Verrue

 

Avec                    

Gaëlle Fraysse

Florence Masure

Arlette Renard

 

Scénographie                   José Froment

Lumière                           Nathalie Perrier

Création sonore               Mathieu Chappey

Costumes                                     Catherine Lefebvre

 

Durée : environ 1h00

 

Coproduction cie avec vue sur la mer / Théâtre d'Arras.

Avec le soutien de l'Hospice d'Havré / Ville de Tourcoing.

 

La cie avec vue sur la mer reçoit le soutien de la DRAC Nord – Pas de Calais, du Conseil Régional Nord – Pas de Calais, du Conseil Général du Pas de Calais, et de la Ville d'Arras

 

 

 

 

Une trilogie féminine Samuel Beckett écrivit trois pièces pour une comédienne britannique d'exception, Billie Whitelaw. A l'occasion des célébrations du centenaire de la naissance de ce grand poète irlandais (qui bouleversa l'écriture théâtrale avec En attendant Godot en 1953), nous avons voulu explorer ces trois dramaticules féminins, face trop peu connue d'un écrivain plutôt… masculin. Trois formes brèves. Trois propositions d'une étrangeté troublante. Trois moments singuliers de poésie visuelle.

 

Pas, Pas moi, Berceuse... Stéphane Verrue

A notre tour, avec un an de décalage avec la date anniversaire du centenaire (de la naissance), saluons Samuel Beckett, l'auteur dramatique le plus marquant du XXème siècle.

Avec Beckett, c'est comme ça, on l'aime ou on ne l'aime pas, mais on ne peut pas l'ignorer. Nous, on l'aime, et souhaitons y revenir, avec passion. Nous pensons, en effet, qu'il est nécessaire, de temps à autre, de revisiter ceux qui, historiquement, humainement aussi, ont compté pour nous, théâtreux au long cours, passeurs obstinés.

Après avoir longuement réfléchi et essayé de faire rentrer nos désirs dans nos petits budgets, nous avons donc décidé de proposer un programme singulier, un peu inattendu mais totalement cohérent à nos yeux : trois dramaticules de Beckett ne mettant en scène que des personnages féminins.

Vladimir, Estragon, Clov, Hamm, Krapp, Watt, Murphy, Molloy, Malone ou encore Mercier et Camier… A l'énoncé de ce long cortège (non exhaustif) de « héros » ( !) beckettiens, on pourrait penser que l'auteur de En attendant Godot est un écrivain essentiellement « masculin » (Oh ! les beaux jours étant, en quelque sorte, l'arbre qui cache la forêt). Ce serait une erreur grave. Tout juste peut-on dire que hommes et femmes co-existent très peu, se touchent à peine (au sens littéral du terme), dans l'œuvre de Beckett. En tout cas, à plusieurs reprises, l'auteur exclut totalement la présence masculine dans son théâtre. Et, chaque fois, l'on est bouleversé par la détresse, la tendresse, la compassion émanant de ces textes. Voilà donc notre projet : faire entendre les voix féminines du grand dramaturge.

Pas, Pas moi, Berceuse… Trois pièces courtes. Trois propositions scéniques bousculant les conventions théâtrales. Trois rituels agnostiques, mystérieux ou inquiétants. Trois moments rares de poésie visuelle et sonore. Entre convulsions verbales et silences suspendus, entre harassement extrême et sérénité recouvrée, entre langes et linceul, la difficulté d'être. Tout simplement.        

                                                                                        Stéphane Verrue

 

 

 

Pas, Pas moi, Berceuse... dramaticules.


 

 

Pas – (1975)

Comprenne qui pourra, telle est l'avant-dernière phrase de la dernière pièce de Beckett (Quoi où,1983) avant un J'éteins ferme et définitif. Cette phrase pourrait également clore Pas, un des dramaticules les plus énigmatiques de l'auteur.

Une femme en haillons arpente la scène, de long en long, traçant le signe de l'infini à rebours, comme pour remonter le temps. Elle s'assure d'entendre le bruit de ses pas et ne cesse de ressasser tout ça, titre originel de la pièce.

Qui est-elle, cette femme ?  Beckett brouille les pistes entre une mère, sa fille May, une autre mère et une autre fille… Amy (anagramme évident). Qui parle à qui ? de qui ? quand ? Le personnage que nous, spectateurs, voyons est-il seulement là ?

Et qu'est-ce donc que ce tout ça ?  Un deuil impossible à faire ?  Un secret indicible - voire innommable - impossible à porter ? Ou encore le mystère même de l'existence ? 

On a souvent parlé, à juste titre, de fantômes au sujet de cette pièce. Mais qu'est-ce qu'un fantôme ? L'apparition surnaturelle d'un être disparu ? Ou la présence obsessionnelle d'un mort enterré dans un vivant ? Ou… les deux ?

Ce  mystère agnostique et nocturne nous saisit par son inquiétante étrangeté.

Pas moi – (1972)

J'ai connu cette femme en Irlande (…). Il y en avait tant de ces vieilles qui trébuchaient dans les sentiers, dans les fossés, auprès des haies (…). Et cette femme, je l'ai entendue dire ce que j'ai écrit dans Pas moi. Je l'ai entendue vraiment. Voilà ce que déclarait Samuel Beckett à Deirdre Bair, sa première biographe.

Dans l'obscurité, seule une bouche. Cataracte de mots, lambeaux de phrases apparemment confuses, et pourtant… Comme toujours chez l'auteur, « ça » raconte une histoire… Naissance prématurée, père et mère fantômes, orphelinat, errances, supermarché, tribunal, larmes, matin d'avril… Mais schizophrénie en direct (Quoi ? Qui ? Non, elle ! ELLE), perte de la sensation du corps… Seule la bouche, la bouche, comme folle, boxant, crachant ses mots. Descente vertigineuse. S'accrocher à quoi ? Et qui parle ?

Le plus extrême des textes théâtraux de Beckett, entraînant la comédienne dans une action extrêmement périlleuse et mettant le spectateur dans une situation dérangeante voire angoissante. Abolition de l'espace. Seule la bouche éclairée. Déchirure, plaie rouge vagissante, éructant sa diarrhée verbale. Seul point éclairé flottant tel un papillon fou dans l'obscurité.

Berceuse – (1981)

Dernier dramaticule féminin de Beckett. Une femme vieillie avant l'heure, quasiment muette,   dans un rocking-chair. Un faible Encore et le fauteuil se met en mouvement en même temps qu'une voix (la sienne ?) se fait entendre. Dès que le balancement cesse, la parole s'éteint. Un faible Encore permet, à plusieurs reprises, de relancer le mouvement et de faire revenir la voix. Que raconte-t-elle ? Une vie d'errance totalement solitaire. Après l'errance et la quête, pathétiquement modeste, d'un (d'une) autre comme elle, un peu comme elle, le retour à la maison et là, quête à nouveau, à la fenêtre cette fois, d'un signe de vie quelque part (un store levé). Finalement, ne trouvant rien ni personne, ne pouvant donc valider sa propre existence, la femme se résigne à rejoindre le fauteuil à bascule dans lequel sa mère, bien avant elle, finit ses jours.

On pense à Pozzo (En attendant Godot) et ses grandes phrases définitives (Elles accouchent à cheval sur une tombe). On pense aussi à un autre héros (!) beckettien, Murphy, qui se ligotait dans un rocking-chair pour mettre en route sa pauvre tête…

Balancement lancinant, comme un vieux rituel pour tenter d'entrer en relation avec des spectres, des êtres chers depuis longtemps disparus, ou, simplement, son propre esprit. Corps comme une urne vide affamée, affamée d'âme, la voix semblant apporter l'apaisement à la souffrance du corps jusqu'à l'endormissement final.

 

 

 

 

Samuel Beckett, Stéphane Verrue,

un long compagnonnage

 

C'est en 1985 que Stéphane Verrue commence son exploration de l'œuvre de Samuel Beckett. Il investit un énorme hôpital désaffecté à Boulogne-sur-Mer dans lequel il met en scène quatre dramaticules.

En 1988, à l'invitation de la compagnie de l'Oiseau-Mouche, il met en scène Acte sans paroles 1, Fragment de théâtre 2 et Va et vient.

En 1989, la compagnie se produit au festival d'Avignon (off). Acte sans paroles 1 est remplacé par Acte sans paroles 2 pour des raisons techniques.

En 1992, en co-production avec la compagnie de l'Oiseau-Mouche, nouveau programme Beckett, sous le titre générique Finir, finir encore…

De 1992 à 1995, Finir, finir encore… sera joué à Paris (Théâtre de la Cité Internationale), Londres, Bruxelles, et en Roumanie (où le spectacle est encensé par Andréï Serban).

En 1996, Stéphane Verrue remet en scène Solo et Cette fois (qu'il interprète lui-même). Ce programme fut joué à Paris (L'Atalante) en 1997 sous le titre générique de En allés.

 

 

 

Pas, Pas moi, Berceuse

Dramaticules féminins

de Samuel Beckett

 

Mise en scène Stéphane Verrue

 

Conditions financières - contacter Caroline Liénard.



05/07/2007
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